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“Those who don't believe in magic will never find it.” (Roald Dahl)
24 février 2014

Dublin Street, de Samantha Young

bed

 “We fuck, we have fun, and then we spoon. I don’t go home...”

Je voulais une lecture légère et distrayante, j'avais reçu de très bons échos concernant ce livre, aussi j'ai plongé mon nez dans cette histoire contemporaine et un brin coquine. Le résultat n'a pas été à la hauteur de mes espoirs, c'est léger, parfois rigolo, mais tellement excessif et insensé que je ne suis pas sûre d'y avoir glané le plaisir espéré !

C'est donc l'histoire d'une jeune femme de 22 ans, Joss Butler, traumatisée par la mort accidentelle de ses parents survenue huit ans plus tôt. Réfugiée à Édimbourg, elle y mène une existence solitaire, où elle affiche une carapace de défiance et d'indifférence. En s'installant en colocation chez Ellie Carmichael, elle va faire la rencontre du frère de celle-ci, Braden... du sex-appeal à revendre, une fichue arrogance et un charme irrésistible. Décrit comme étant “the human version of a sexually charged nuclear weapon”, il incarne le danger absolu, à fuir sans se retourner.

Et en effet, d'entrée de jeu, leurs rapports sont houleux, longtemps elle va chercher à lui résister, même si elle est physiquement attirée par lui. Il en tire parti et lui propose une relation purement charnelle, trois mois ensemble, du sexe à gogo, pas de sentiments, juste du bon temps. Et elle accepte ! Cela devient alors très, très sexy, mais aussi passionnel et mouvementé. Joss et Braden sont survoltés, ils s'insupportent, sont jaloux, se font des scènes pour un rien, c'est franchement épuisant ... J'ai fini par décrocher. Je n'ai rien contre une relation enflammée, mais là j'ai eu ma dose, c'était trop long, trop cliché, trop puéril.

Je sors de cette lecture circonspecte, ça se lit vite et bien, on couine parfois, on sourit aussi, mais alors je n'ai pas pu occulter le reste, ni le style lourd et vulgaire, ni la pantomime que nous joue ce charmant petit couple en mal de sensations fortes, ni les séquences de mélo inutiles... C'est hélas dans la tendance actuelle (du sexe, du drama, un happy end) mais j'accroche moyennement. On se croirait dans un mauvais feuilleton de soap-opera.

J'ai Lu, juin 2013 - traduit par Benjamin Kuntzer

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22 février 2014

Gipsy Song : Le choix de Kenzie, par Beth Kephart

Lovely-Panties

J'ai adoré ce roman qui m'a littéralement transportée en Espagne, un pays qui ne me fait pas plus rêver que ça en temps ordinaire, mais là, j'étais fascinée, envoûtée par le décor, la chaleur, les personnages, la tendresse, et que de lyrisme dans tout ça ! C'est merveilleux, très beau, doux et apaisant, on comprend pourquoi l'héroïne, Kenzie, s'y sent à son aise et considère son exil comme un refuge, un nouveau départ.

Pourtant, c'était plutôt mal parti pour elle. Elle a été envoyée dans le ranch de Miguel, dans la campagne de Séville, sous ordre de sa mère, qui n'a pas supporté l'annonce de sa grossesse. La jeune fille n'a que 18 ans, tout un avenir à construire, elles ne sont plus que deux à la maison, depuis le décès brutal du père, qui reste un chagrin insurmontable pour elle. Complètement paumée, elle se repose à l'ombre des arbres, discute avec l'enfant à naître (et qu'elle va faire adopter), passe des heures en cuisine avec Estela ou à parler oiseaux et chevaux avec Esteban, le jeune palefrenier (gentil, séduisant, secret, etc.).

Il ressort de cette lecture une atmosphère qui nous imprègne, par l'odeur des épices, des oranges ou de la paella, par le soleil lourd et la chaleur accablante, par le rythme des guitares et des chants, par le flamenco, par les grigris des gitans de passage... C'est chatoyant, entêtant, magique, ensorcelant. La prose de Beth Kephart, joliment traduite par Corinne Julve, résonne comme une berceuse à nos oreilles. Un vrai festival pour l'âme et le coeur.

Je n'avais plus le goût de quitter cette histoire, qui est celle d'un apprentissage et de choix de vie, car je me sentais parfaitement à mon aise dans le ranch de Miguel. Comme un cocon douillet, tellement apaisant. Je trouve juste dommage le choix de la couverture française, alors que l'édition originale, Small Damages, est beaucoup plus attrayante, plus conforme au contenu du livre. Pas sûre que cet indigo tape dans l'oeil du futur lecteur... et ce serait tellement dommage de passer à côté !

La Martinière J., février 2014 - traduit par Corinne Julve

heartbutterfly

21 février 2014

Coeurs brisés, têtes coupées - Robyn Schneider

always

Ah, quel roman ! Il n'a pas démérité la comparaison qui est souvent faite avec les livres de John Green. C'est exactement ça : un narrateur à fleur de peau, doué mais abasourdi par une jeune fille dans son radar, pas banale non plus, catapulté dans un univers environné par des satellites d'une puissance atomique... En gros, on se régale, on réfléchit, on fronce les sourcils, on a le coeur lourd, on sourit aussi, c'est très fort !

Ezra Faukner, 17 ans, beau, sportif, brillant, est un roi déchu. L'été précédent sa rentrée en Terminale, il est victime d'un accident de voiture qui le laisse avec un genou broyé. Brisé, il erre son âme en peine et retrouve du réconfort auprès de son ami d'enfance, Toby Ellicott. Il revoit aussi ses centres d'intérêt (plus de tennis, plus de soirées entre potes, plus de petite copine) et s'inscrit en classe de débat, où il rencontre la délicieuse Cassidy Thorpe.

Nouvelle élève, la jeune fille attire l'attention parce qu'elle a un look hors du commun, vient d'un internat privé et a déjà roulé sa bosse en Europe. Ezra est fou d'elle, ensemble ils s'amusent, jouent au chat et à la souris, se plaisent, se séduisent. Le garçon retrouve goût à la vie et lui redonne aussi un vrai sens et des valeurs. Jusqu'au jour où les secrets de Cassidy vont ruiner cette belle harmonie et plonger notre jeune homme dans un profond désarroi.

Ne vous y trompez pas, cette lecture apporte une sensation stimulante des rapports géniaux que peuvent entretenir les adolescents (disons surtout qu'on rêverait de ne croiser que des Nerds façon Toby et ses potes, ce serait le top !). C'est drôle, très fin, sarcastique sur les bords, mais toujours exaltant. Au-delà de ça, c'est une histoire commune sur les tenants et les aboutissants de l'adolescence, les rapports avec les autres, les erreurs à ne plus reproduire, les faux-semblants, etc.

J'ai retenu cette phrase, pour résumer ce propos : « Nous traversons l'existence des autres tels des fantômes, en laissant derrière nous le souvenir obsédant de quelqu'un qui n'a jamais existé. Mais au final, c'est nous qui choisissons comment les autres nous perçoivent. » Je vous invite maintenant à découvrir ce roman mystérieux, poignant et percutant comme il se doit.

Gallimard jeunesse, octobre 2013 - traduit par Nathalie Peronny

21 février 2014

Inventaire après rupture, de Daniel Handler

runningaway

Min et Ed viennent de rompre, après une relation brève mais intense. Ils n'avaient absolument rien en commun, elle est plutôt quelconque et adore les vieux films, lui est basketteur, fêtard et coureur de jupons. C'était écrit d'avance, mais pourtant ces deux-là ont vécu une jolie histoire, sincère et touchante.

L'auteur a réussi un véritable tour de force, en nous embarquant dans cette histoire dont on connaît déjà la fin, sauf la raison de la rupture. Et on revit ainsi toute la romance via l'inventaire de babioles qu'avait conservées la jeune fille, dans une grosse boîte qu'elle compte désormais déposer sur le pas de la porte de son ex. Tous ces objets ont symbolisé leur histoire : la rencontre, leur première sortie, les petits délires à deux, autant de promesses d'instants précieux.

Et on s'attache, bon sang, on s'attache à cette histoire vouée à l'échec, on a envie d'y croire, malgré les petits détails qui n'échappent pas au regard de lynx. L'identification est d'autant plus forte, plus troublante. On se glisse dans la peau de Min et on se sent tout comme elle : en vrac, le coeur brisé et amer. On a eu aussi le goût d'y croire, de rêver - la chute n'en est que plus rude. J'ai beaucoup aimé cette histoire, j'ai été très sensible au discours de la jeune fille, à sa détresse et à ses désillusions. C'est poignant, mais pas du tout déprimant.

J'ai également savouré l'écriture et la traduction, tout de suite j'ai accroché au style vif, poétique et exaltant de la lettre de Min pour Ed. La jeune fille est meurtrie, ça se sent, elle livre aussi tous les beaux souvenirs de leur histoire à deux, son sentiment de trahison etc. Jamais elle ne décharge sa bile haineuse contre lui, elle se montre simplement sincère et c'est mille fois plus convaincant. Le livre lui-même est un appel à la tentation : une belle petite brique rose, truffée  d'illustrations de Maira Kalman au charme vintage, et une jolie couverture. J'ai totalement succombé !

Nathan, août 2012 - traduit par Rose-Marie Vassallo

21 février 2014

Attachiante, de Sarra Manning

bedroom

Quelle bonne tranche de rigolade a su offrir cette lecture ! C'est sur la base commune que tout les oppose, ils se détestent et pourtant ils ne font que se croiser, que débute notre petite histoire. Jeane Smith est une originale, une excentrique, par son look, ses idées, sa façon de vivre. Michael Lee est beau gosse, populaire, sexy, attachant, serviable. Pour elle, il est hyper arrogant et prétentieux. Pour lui, elle n'est rien qu'une folle mal fagotée.

Ces deux-là se parlent la première fois car Michael suspecte que sa petite copine flirte avec le petit copain de Jeane, ou inversement. Perplexe, notre demoiselle met les pieds dans le plat et sème malgré elle une zizanie à petite échelle (cela reste tout de même cantonné dans la sphère du lycée). Jeane est également une sommité dans l'univers 2.0, elle tient un blog, tweete à longueur de journée, a développé sa marque, donne des conférences, etc. Elle vit carrément sur une autre planète que celle de ses congénères.

À ses yeux, Michael Lee incarne tout ce qui la hérisse, il le lui rend bien, et pourtant toute cette tension électrique entre eux va finir par leur exploser en pleine figure. Devinez quoi ? Ils vont se jeter dans les bras l'un de l'autre, en cachette bien évidemment. Cela pourrait nuire à leur réputation. C'est très, très drôle de suivre leur “idylle” impossible, ponctuée de joutes verbales, de taquineries, de chamailleries. C'est plus fort qu'eux, il faut qu'ils rejettent toute idée romantique de leur folle liaison, qu'ils mettent sur le compte d'une pulsion physique et hormonale.

Qu'est-ce que j'ai pu rire, sourire, ricaner, glousser, en demander encore ! C'est bon aussi d'avoir une héroïne à forte personnalité, qui rappelle ainsi la vieille notion du Girl Power chère aux Spice Girls, même si toute cette fanfaronnade masque bien évidemment des blessures profondes et un sentiment amer de solitude. J'ai juste trouvé que ça manquait de punch vers la fin, surtout après le passage à New York, mais les 3/4 du roman sont à déguster, sans faire la fine bouche. C'est la bidonnade assurée !

Hachette jeunesse, septembre 2013 - traduit par Cécile Leclère

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